Belladone : Une beauté toxique aux usages médicaux et mystiques

Elle pousse librement dans la nature, souvent au bord des chemins ou en lisière de forêt, mais derrière sa floraison élégante et ses baies brillantes se cache un danger réel. La belladone, ou Atropa belladonna, est l’une des plantes les plus toxiques du monde. Pourtant, cette herbacée vivace a aussi une histoire fascinante, mêlant poison, médecine, sorcellerie et beauté.

Alors, pourquoi cette plante continue-t-elle de captiver autant aujourd’hui qu’hier ? Découvrons ensemble ses secrets les plus sombres… et les plus utiles.

Qu’est-ce que la belladone exactement ?

La belladone fait partie de la famille des Solanacées, comme la tomate, l’aubergine ou la pomme de terre. Originaire d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie de l’Ouest, elle pousse principalement à l’ombre, dans les sols riches et humides.

Ses signes distinctifs sont :

  • Fleurs en forme de cloche : violettes ou pourpre foncé, légèrement verdâtres à la base.
  • Feuilles larges : ovales, vert foncé et brillantes.
  • Baies : petites, rondes, noires et brillantes, semblables à des cerises — mais extrêmement toxiques.
  • Taille : elle peut atteindre entre 1 et 1,5 mètre de hauteur.

Pourquoi est-elle dangereuse ?

La belladone contient trois alcaloïdes majeurs : l’atropine, la scopolamine et l’hyoscyamine. Ces substances agissent sur le système nerveux central en bloquant l’action de l’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel.

Voici les effets de ces composés toxiques :

  • Atropine : accélère le rythme cardiaque, provoque hallucinations, confusion mentale et parfois paralysie.
  • Scopolamine : induit des états altérés de conscience, vertiges, troubles de la mémoire.
  • Hyoscyamine : assèche les muqueuses, dilate les pupilles, perturbe la coordination musculaire.

La dangerosité de la plante réside dans le fait que la dose thérapeutique est très proche de la dose létale. Une à deux baies peuvent tuer un enfant ; dix à vingt peuvent être fatales pour un adulte non traité.

Une plante marquée par l’histoire

Dans l’Antiquité

Les Grecs et Romains connaissaient bien la belladone. Ils l’utilisaient à la fois comme anesthésique rudimentaire… et comme poison. Les extraits de la plante servaient notamment à enduire les pointes de flèches.

Au Moyen Âge

La plante est fortement associée à la sorcellerie. Les “onguents volants”, supposés permettre aux sorcières de voler ou de voyager en esprit, contenaient souvent de la belladone. Utilisée dans les rituels pour ses effets hallucinogènes, elle était aussi redoutée.

À la Renaissance

C’est à cette époque que naît le nom “belladonna”, ou “belle dame”. Les femmes nobles italiennes utilisaient des gouttes à base d’atropine pour dilater leurs pupilles, un signe de beauté à l’époque. Ce geste, bien qu’esthétique, n’était pas sans danger et pouvait entraîner une perte de vision.

Peut-on l’utiliser aujourd’hui sans risque ?

Oui, mais uniquement sous contrôle médical strict.

Les composés actifs de la belladone ont trouvé leur place dans la pharmacopée moderne. Voici quelques exemples d’applications :

  • Atropine : utilisée par les ophtalmologues pour dilater la pupille.
  • Scopolamine : disponible en patchs transdermiques contre le mal des transports.
  • Antidote : l’atropine est un antidote reconnu contre certains agents neurotoxiques, comme les gaz de combat.

Il est impératif de ne jamais manipuler ou consommer cette plante sans supervision professionnelle. Même en usage externe, elle peut être absorbée par la peau.

Comment reconnaître la belladone pour éviter toute erreur ?

L’identification correcte est cruciale, surtout pour les cueilleurs de plantes sauvages.

Voici les principaux signes à surveiller :

  • Fleurs : pourpres à violettes, en forme de cloche, solitaires.
  • Baies : noires, rondes, brillantes, ressemblant à des cerises.
  • Feuilles : grandes, légèrement ondulées, disposées en alternance.
  • Odeur : légère, mais désagréable lorsqu’on froisse les feuilles.

Beaucoup la confondent avec des plantes comestibles comme le cassis ou certaines variétés de myrtilles. Cette erreur peut être fatale.

Faut-il la cultiver dans son jardin ?

C’est fortement déconseillé si vous avez des enfants, des animaux domestiques ou peu de connaissances en botanique. Même une simple exposition peut entraîner des risques d’intoxication.

Pour les passionnés de plantes médicinales, il est préférable de travailler avec des extraits standardisés en pharmacie ou sous encadrement professionnel. Cultiver la belladone “par curiosité” est une prise de risque inutile.

Symptômes en cas d’intoxication

En cas d’ingestion accidentelle, les premiers signes apparaissent rapidement :

  • Bouche sèche, vision floue, difficulté à avaler
  • Tachycardie, délire, hallucinations
  • Dans les cas graves : convulsions, coma, arrêt respiratoire

Si vous soupçonnez une ingestion de belladone, contactez immédiatement les urgences ou un centre antipoison.

En résumé

  • Plante toxique : chaque partie est dangereuse, y compris les baies très attractives.
  • Histoire riche : médecine antique, poison politique, rituel sorcier, cosmétique de la Renaissance.
  • Applications médicales modernes : sous forme d’extraits purifiés, utilisés en ophtalmologie, neurologie et en cas d’urgence toxique.
  • À éviter sans supervision : ne pas cultiver ni consommer sans expertise.

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